11.09.2024
Si Pistenbully est un nom bien plus connu, tout le monde ne connaît pas encore la marque Powerbully. Fort de longues années d’expérience des machines destinées à damer les pistes de ski, le constructeur Kässbohrer Geländefahrzeug AG tente depuis peu de s’imposer sur le marché des dumpers à chenilles. Il était donc grand temps pour Terra de mettre le cap sur Laupheim (entre Stuttgart et Munich), le siège de la société, pour mieux découvrir la marque. Au programme : entretiens avec les importateurs, présentations des machines, visite guidée de l’usine et évidemment une longue séance d’essais de différents engins.
C’est en 2014 que Kässbohrer reprend une entreprise nord-américaine spécialiste des dumpers à chenilles. Elle modifie le nom, le produit et la stratégie, et c’est ainsi que nait Powerbully en 2018. Le premier engin proposé est le 18T, surtout utilisé en Amérique du Nord dans le secteur des travaux publique. Les tempêtes y endommagent régulièrement des câbles aériens et des Powerbully sont équipés d’une nacelle ou d’une grue pour pouvoir les réparer dans les zones marécageuses. Un peu trop large, la machine ne convient cependant guère à l’Europe. C’est pour cette raison que l’entreprise dévoile lors du salon Bauma 2022 les modèles 9D et 12D, plus étroits et plus compacts, bref mieux adaptés au marché européen. Alors que le 18T n’est disponible qu’en version châssis, les nouveaux modèles se déclinent à la fois en version châssis et version avec benne.
À travers un mètre et demi d’eau
Le site de production de Laupheim est édifié en 2000. L'objectif initial est d’assembler 450 véhicules par an. Mais quelque 900 sont déjà construits en 2023. Il s’agit majoritairement de Pistenbully, mais il y a aussi 50 Powerbully et 90 BeachTech pour le nettoyage des plages. Kässbohrer se profile en outre aussi comme spécialiste des solutions numériques pour le secteur du ski, offre des formations et possède une branche qui fabrique des composites.
Pour ce qui est des véhicules pour la piste, il n’y a en fait que deux acteurs principaux : Prinoth et Pistenbully, qui possédent chacun environ la moitié du marché. Au fil des années, leurs autres concurrents ont stoppé leurs activités ou ont été repris par une des deux marques restantes. C’est une toute autre histoire du côté des tombereaux à chenilles, car Pistenbully est un nouvel acteur, mais aussi parce que la concurrence est plus étoffée (avec notamment Bell, Prinoth, Morooka ou Terramac).
Les dumpers chenillés sont essentiellement utilisés en raison de leur faible pression au sol (due à leur larges chenilles). Leur poids est ainsi bien réparti et ils ne s’enfoncent pas dans le sol. Un dumper à chenilles constitue une solution efficace aussi dans des conditions humides. C’est ainsi que le Powerbully peut traverser sans problème 1,40 m d’eau. Marque A, Powerbully utilisé évidemment des composants fiables et de qualité, comme un moteur Cummins ou une benne en Hardox. La marque assure se démarquer de la concurrence en utilisant de grandes roues, de sorte que le véhicule s’adapte mieux au sol et roule plus souplement. La cabine suspendue absorbe mieux les chocs et permet donc de rouler plus vite. Selon la spécialiste Lara Mönig, on a tendance à rouler plus vite avec un Powerbully car celui-ci procure une sensation de sécurité. La capacité de chargement est maximum pour les dimensions de l’engin. La machine est évidemment conforme aux normes ROPS, mais le Powerbully satisfait aussi au niveau FOPS II, ce qui signifie que les exigences en matière de sécurité sont encore plus draconiennes. Le constructeur assure encore être le seul à offrir une vision panoramique. « Cela protège à la fois le chauffeur et les personnes qui gravitent autour de l’engin ». L’éclairage est composé de LED haut de gamme.
Le levier, plus pratique qu’un volant
Pendant la séance d’essai, nous avons pu tester les versions 9D et 12D. Avec une charge utile de 11,5 tonnes et une capacité de 6,4 mètres cubes, le 12D est le plus gros modèle. Son petit frère est capable d’embarquer 7,5 tonnes et 5 mètres cubes. L’un et l’autre sont dotés d’une spacieuse cabine (qui est toutefois plus petite dans la variante à grue). Le constructeur explique que cette cabine à suspension pneumatique est la plus grande du marché. Elle offre spécialement de grandes vitres. Le côté droit constitue souvent un problème en termes de visibilité, raison pour laquelle le capot moteur a été modifié. Le niveau de bruit en cabine est de 82 dB, ce qui est moins que d’autres marques, nous dit-on.
Le 12D testé était doté d’un volant classique. La conduite est relativement sensible, mais son agressivité peut être réglée. Nous préférons cependant au volant le levier qui équipait le 9D. Pour le reste, la conduite est très simple et la marche avant ou arrière s’enclenche comme sur un tracteur. La caméra de recul s’active automatiquement lorsque la marche arrière est mise. Lors de l’activation de la benne, le régime moteur augmente immédiatement. Il s’agit, là aussi, d’un paramètre réglable. Sur une aire de test gorgée d’eau, nous nous sommes rendu compte que l’engin traverse facilement les zones inondées, tout en négociant les pentes en douceur, même à vitesse maximum.
Applications multiples
Nous n’avons pas pu tester la version châssis, mais son comportement est en principe identique à celui de la variante à tombereau. La superstructure est choisie par le client ou le concessionnaire. Pour cela, Powerbully travaille avec plusieurs carrossiers renommés comme Palfinger ou Waterking. Presque tout est possible, raison pour laquelle de nombreux secteurs utilisent des dumpers chenillés, même si les branches principales restent la construction et les travaux publics. Cela dit, on trouve aussi des Powerbully dans les carrières, à la protection civile ou chez les pompiers. Lors des inondations du printemps, les pompiers allemands ont par exemple utilisé de Powerbully pour distribuer des sacs de sable et des groupes électrogènes. Ainsi, le changement climatique entraîne une augmentation du nombre d’applications potentielles. La version châssis se décline en trois modèles dénommés 9C, 12C et 18T avec une charge utile allant de 9 000 à 16 600 kilogrammes.
Powerbully se fait fort d’offrir un service de qualité dans le monde entier. La télémétrie permet d'ailleurs de voir où se trouve chaque machine et quels codes d’erreurs s’affichent. Pour le reste, il existe également des applications de fleet management.
Powerbully a commencé avec un nombre limité de versions de dumpers à chenilles. La marque souhaite d’abord les implanter solidement sur le marché avant de diversifier son offre. Le développement de nouveaux modèles est en cours. Il manque pour l’instant une machine à tourelle pivotante, qui pourrait ouvrir de nouveaux horizons. Mais les modèles châssis offrent déjà un grand nombre de possibilités d'application. Quant au réseau de concessionnaires, il se développe peu à peu.
Luyckx, distributeur de Powerbully en Belgique
L’entreprise Luyckx de Brecht est importatrice des pelleteuses Hitachi dans notre pays. Pascal Vangramberen, son directeur commercial, explique que Powerbully constitue un excellent produit complémentaire pour elle. « Auparavant, nous avions deux modèles de dumper chenillé Hitachi et nous étions le seul à proposer un véhicule à superstructure rotative. Cet EG70 était en mesure de charger environ 7 tonnes et nous en avons vendu une quarantaine en l’espace de dix ans. Nous espérons aujourd’hui renouer avec ce succès grâce au Powerbully. »
Selon Vangramberen, les machines de Powerbully offrent des possibilités aux entreprises actives dans les travaux hydrauliques, ferroviaires ou d’entretien des espaces naturels. « Comme nous sommes en mesure d’offrir un version châssis en plus de la version tombereau, nous pensons qu’il existe de nombreuses opportunités pour les travaux forestiers, l’épandage de chaux ou les travaux électriques. Ce type d’engin est également très prisé en location, ce qui devrait donc aussi constituer un marché important pour nous. Powerbully ne dispose pas encore de version à tourelle pivotante, mais nous travaillons sur ce modèle qui devrait nous aider énormément. Malgré cela, nous avons déjà vendu plusieurs Powerbully. »
L’équipe de Luyckx souligne les atouts de l’engin : confort, sécurité et performances. « La machine dispose d’une cabine bien isolée avec volant ou joystick (dont la sensibilité peut être réglée). Le Powerbully est le seul engin sur le marché permettant une telle panoplie de réglages. Son châssis est particulièrement robuste et les rétroviseurs ne vibrent pour ainsi dire pas lors de la conduite, ce qui constitue un des meilleurs indicateurs du niveau de vibrations en cabine. Les lignes de l’engin et son comportement sont vraiment convaincants. »
Luyckx exposait ses machines en statique lors de la Foire de Libramont. Mais il sera possible de les essayer lors des Demo Days. Dès septembre, l’importateur se rendra sur le terrain pour faire des démonstrations de l’engin. « Luyckx fait son grand retour dans ce segment, en misant pleinement sur le bagage technique dont nous disposons déjà. »
Cet article est une publication originale de Terra.